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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 20:56

Mercredi soir (avant-hier soir) a eu lieu au 3 place Balzac (Honoré de) une importante réunion du Conseil d'Administration (CA) de l'ALV (Association Lire à Vouvray).

 

LiVOU-2 0251

 

LiVOU-2 0253

Les problèmes ont été passé en revue, en écho aux diverses réunions qui ont récemment eu lieu (l'ALV y était présente) : de territoire (jeudi 25 octobre), avec les Conseillers municipaux (lundi 12 novembre), cantonale (vendredi 16 novembre).

Ce n'est pas tout à fait un inventaire à la Prévert, car tout est très cohérent et bien connu : un nouvel abonnement (vive Wapiti !), l'organisation de la lecture des MLH en janvier, l'action culturelle (la décision de la BMV sur les projets de Chanceaux sur Choisille pour octobre/novembre 2013 est toujours suspendue), des ordinateurs à remplacer, un local à réformer…

Sur ce dernier point, l'engagement de la Mairie de percer "une grande ouverture" entre le 3 et le 5 a été commenté avec satisfaction. Cette réunion (celle du 12) a présenté une vision optimiste, mais il faudra beaucoup de patience aux bibliothécaires…

Il a surtout été question de l'AG du 15 janvier et des changements qu'apporteront les départs de Colette et de Bernard, prévus depuis longtemps. Une 1ère liste des tâches qui incombent aux bibliothécaires a été dressée ; les membres du nouveau CA élu en janvier qui se les répartiront ne manqueront pas d'occupation.

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 13:59

 

Ta bouche tout près de l’oreiller
Loin et lointaine
À deux doigts de la mienne
Le rêve s’amuse
Et nous sépare
Avec les pas minutieux de l’oubli
Tes lèvres bougent à peine
J’ai le couteau qui brille
Propre à quelques millimètres
De ta joue sèche
Comme du papier
Prêt pour tuer
La perspective du pardon
Je voudrais l’enfoncer
Dans la chair de ta bouche
En biais dans la plénitude
Lente dans sa jouissance
Crève crève
Je susurre et ton bonheur endormi
Me rends jalouse
De la beauté de ton horizon vertical
Dans la perspective de ta langue.



Zoé Valdés

 

Zoe-valdes--Le-Magazine.Info.jpg

 

 

[Texte qui date de 2008, publié par le Printemps des Poètes dans la rubrique "Passeurs de poèmes", sur le thème "Éloge de l'autre" ; on lira la page qui lui est consacrée.

On se souviendra que le Printemps des Poètes est en danger, à cause de la subvention qui lui est refusée par le Ministère de l'Éducation Nationale et on n'oubliera pas de signer la pétition de soutien en cliquant ici.

Sur Zoé Valdés, on regardera d'abord la fiche de Wikipédia en français, et, si vous connaissez cette langue, celle qui est en espagnol.

Dans la même langue, on pourra aller sur le site perso de Zoé Valdés. Ses œuvres y sont brièvement présentées, mais on appréciera les images.

On en trouvera une analyse en français sur la page qui lui est consacrée par Lecture/Écriture et qui commence par Une Habanera à Paris.

Dans l'entretien donné (en français) au magazine.info que vous pouvez lire ici, elle dit son opposition au régime castriste.

Enfin, dans cette vidéo, la romancière parle de l'exil décrit dans Le Paradis du Néant.]

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 21:26

 

Ce roman de Mathias Énard nous met au cœur du monde arabe aujourd'hui en nous faisant partager les sentiments, les pensées, les souffrances de Lakhdar, jeune Marocain de Tanger dont la voix ne nous quitte pas, du début à la fin.

Parmi les réussites du roman, il y a le ton de cette voix : elle allie l'argot qui frappe et la langue littéraire précise qui va à l'essentiel. Un exemple du début : "je suis allé dans une école tout à fait moyenne où j'ai appris un peu de français et d'espagnol et chaque jour je descendais avec mon pote Bassam vers le port, dans la partie basse de la Médina et au grand Zoco reluquer les touristes, dès qu'on a eu du poil aux couilles avec Bassam c'est devenu notre principale activité, mater l'étrangère, surtout l'été quand elles mettent des shorts et des jupes courtes."

Le "printemps arabe" est en arrière plan depuis l'immolation de Sidi bou Zid, ainsi que les nuances de cet univers, de la démocratie à l'intégrisme. Il y a de nombreuses allusions à des événements récents ; c'est souvent que nous nous disons que Lakhdar est à côté de nous et parle de ce que nous connaissons à travers les omniprésents médias. Lui même, constamment sur Internet, est bien informé de l'actualité. Les "indignés" espagnols ne le concernent pas directement, cependant il sait, et juge avec sévérité : une révolution sans but, dans un pays où le foot est plus important que la politique. Derrière Lakhdar, on entend Mathias Énard : si Gandhi s'était seulement assis sur un bout de trottoir, sans autre but politique, il aurait peut-être exprimé son indignation mais surtout fait "rigoler les Anglais". On a parlé plus haut de Sidi bou Zid. Il y a aussi l'attentat de Marrakech du 28 avril 2011, la France rose après l'élection de François Hollande le 6 mai 2012. "Nul homme n'est une île" a dit John Donne (No man is an island). Le héros romanesque est peut-être un individu unique, mais c'est au nom de milliers d'autres êtres qu'il parle. Au détour d'un paragraphe nous lisons, le souffle coupé : "un fondu a abattu trois enfants et un adulte dans une école juive, au pistolet, à bout portant…" et nous savons bien quelle horreur Lakhdar fait apparaître.

Plus tard, dans 10 ans, dans 50 ans, etc. peut-être faudra-t-il des notes pour comprendre de quoi est fait le quotidien de Lakhdar, mais le lecteur, même alors, sera pris par le devoir de se déterminer, de prendre position, d'agir.

Le roman déroule le récit de la vie de Lakhdar, ce pícaro de notre temps. Il donne un mouvement au livre et entraîne le lecteur. Après les brefs moments de jouissance avec sa cousine Meryem, sa frustration sexuelle aboutit à son bannissement dans Tanger et au décuplement de ses rêves d'évasion. Il y a la rencontre avec les intégristes qui ont fait un docile instrument et un fanatique de son ami d'enfance Bassam. Après une longue période Lakhdar est libraire pour les islamistes et il connaît une sorte de bonheur intellectuel, laissé libre de lire et d'apprendre ce qu'il veut. Mais le jour où les barbus l'arment d'un manche de pioche pour frapper le libraire - homme libre -  qui lui vend des romans policiers, dégoûté de leur violence, il les quitte. Puis, par chance, il trouve un emploi certes mécanique et abrutissant, où il numérise Casanova et aussi les morts de la guerre de 14. Ce travail sans fin  restera une obsession.

Mathias Énard place son héros dans d'autres situations qui lui permettent de brosser une fresque du monde tel qu'il est. Un emploi sur le ferry Tanger-Algesiras permet l'introduction d'Ibn Battouta : c'est le nom du bateau, mais surtout celui du grand écrivain et voyageur arabe (né à Tanger) du 14e siècle. Le périple de Lakhdar est différent mais lui aussi est en chemin.

L'immobilisation des ferries après la faillite de la compagnie maritime (la Comanav-Comarit) permet à Mathias Énard d'élargir le roman, par le témoignage de Saadi, le compagnon de cabine de Lakhdar. C'est un vieux marin qui a navigué toute sa vie et il connaît le monde entier.

Dans un douloureux épisode, Lakhdar travaille pour Cruz qui recueille les cadavres de maghrébins échoués sur les plages d'Andalousie et les ramène quand il peut, à leur famille, tout en empochant l'argent que lui verse la Région Autonome. Ce Cruz, fasciné par la souffrance et la mort, c'est peut-être le Kurtz du Cœur des Ténèbres de Conrad, mais le mal, c'est nous qui le produisons, car les pateras chavirées, et ces morts sur les plages, c'est le résultat de l'attraction fatale exercée par nos pays industrialisés.

 

Et il y a autre chose, peut-être aurions-nous dû commencer par là. Le roman de Mathias Énard s'intitule Rue des voleurs. Aussitôt cette rue de Barcelone, carrer d'en Robador (beaucoup disent, comme dans le roman, carrer robadors) est apparue à celui qui écrit ces lignes. Elle est tout près de la Rambla, du Teatre del Liceu, et les touristes y passent parfois, dans ce quartier appelé autrefois barrio chino, aujourd'hui baptisé Raval par les autorités municipales.

La troisième et dernière partie du roman porte ce titre, "La rue des Voleurs" et c'est une formidable évocation de Barcelone. Ce sont des lieux bien connus, mais vus sous un angle inhabituel. Cette tour qui bande, la Tour Agbar (!!), chef d'œuvre de Jean Nouvel, en fait partie.

 

Mathias-Enard--2-fev-09--8762.JPG

Il y a aussi le chat de Botero sur la rambla du Raval.

 

Mathias-Enard--7-mai-07--761.jpg

Pour éviter la police, Lakhdar contourne une manif par l'Eixample en une marche de 4 heures. On voit les deux barnums provisoires du Mercat Sant Antoni où l'on imagine bien Mathias Énard se rendant le dimanche matin pour mater les vieux livres et revues, en acheter quelques-uns comme les très érotiques Paris-Hollywood des années 50, où les sexes sont passés au blanc.

Lakhdar retrouve son copain à Barcelone. Il le soupçonne d'attendre, comme dit le Coran, "que l'Heure soit proche" (expression répétée, en arabe et en français). Il l'emmène voir sur la plage de la Barceloneta les milliers de culs qui s'offrent. Il donne d'avance au frustré Bassam cette vision des houris du paradis.

 

Le livre permet à Lakhdar d'être de plain pied avec la vie de l'esprit. Il écrit, et surtout il lit. Ce sont d'abord les polars américains des années 50 (McBain). Et puis Izzo, Manchette, et Mohamed Choukri dont le style incisif est analysé  : "Une langue nouvelle, une façon d'écrire qui me paraissait révolutionnaire."  Et les classiques de la littérature arabe (Abû Nuwâs et aussi Naguib Mahfouz ou Tayeb Salih) qu'il étudie pour Judit, son amie arabisante. Et traversant cet univers foisonnant, la figure d'Ibn Battouta, toujours présente.

Le héros du livre de Mathias Énard, dans son errance, sait "que l'Heure est proche". Les rues du Raval, cette "rue des Voleurs"  apportent-elles une réponse ?  Les hommes souffrent et meurent. Lui, pourtant si croyant, sait que "l'injustice de Dieu, (...) ressemble grandement à une absence". Faut-il ne rien faire, comme le proclame, après le Bartleby de Melville, le T-shirt bleu de Núria, la mère de Judit : "I'd prefer not to" ? Faut-il s'enfermer dans les langues (l'arabe marocain, le français, l'espagnol, le catalan, etc.) et dans les livres, dans cette merveilleuse tour d'ivoire qu'est une bibliothèque ? Peut-être va-t-il conclure :  "dehors tout semble n'être qu'obscurité"  mais "dans ma bibliothèque, (...)la fureur du monde est assourdie par les murs..."

Comme un leit-motiv revient un mystérieux "aujourd'hui", au-delà des dramatiques épisodes du roman. Lakhdar l'a trouvé. Où est-il, alors que ces épisodes sont si près de nous ? Qu'est-ce qui permet ce regard en arrière et qui apporte comme une sagesse ?

 

Ilâ-l-liqâ'

 

 

 

Bernard Cassaigne

 

 

 

[Ce livre sera bientôt à la Bibliothèque de Vouvray. Voyez la présentation par Actes Sud, l'éditeur, ce qu'en dit l'Express , et lisez les propos recueillis par Catherine Simon dans le  Monde des livres du 4 septembre.

 

Mathias--Enard--12-nov-08--Nouvel-Obs.jpg

La fiche de Wikipédia peut rendre des services, enfin, si vous avez 2 minutes pour une vidéo, regardez et écoutez Mathias Énard présenter son roman.

Merci au Nouvel Obs pour la photo de l'auteur. Pour les autres, © BC. La dernière photo, c'est un trottoir de Barcelone.]

 

Mathias-Enard--8624--31-janv-09-.JPG

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 08:35

 

L'automne est passé, l'hiver est venu,
L'automne a passé qui vers l'inconnu
Emporte bien loin nos mélancolies.

Doux ciel de l'hiver, ô pâle ciel bleu,
Que je t'aime ! et comme auprès d'un bon feu
L'aile de nos coeurs frileux se replie !

S'il pleut sur la mer et s'il grêle, eh bien,
Nous nous enfermons, nous n'en savons rien,
Et nous n'osons pas regarder les voiles.

Que les verts sentiers, tout blancs aujourd'hui
Nous paraissent gais, et comme la nuit,
Nous nous souvenons des blondes étoiles !

Nous nous rapprochons, nous nous aimons mieux…
La lueur du feu jette dans les yeux
Un éclair de pourpre et d'or qui flamboie,

Et si, le matin, le ciel se fait clair,
Dans son manteau blanc frissonne l'hiver
Tout illuminé d'un rayon de joie !
 

 

 

Maurice Bouchor

 

 

 

Ce poème, écrit par Maurice Bouchor, est paru dans le recueil Les Poëmes de l’Amour et de la Mer  en 1876. L'auteur avait vingt-et-un ans. Le voici alors, dessiné par Georges Rochegrosse (détail ; source, Gallica).


Bouchor--portrait.JPG

Plusieurs de ses poèmes ont servi à des compositeurs pour écrire des mélodies, à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Quatre de ses textes, dont celui-ci, ont été utilisés par Charles Bordes. Dans ce blog, voyez ici ou .

Si votre curiosité vous y pousse, reportez-vous au blog "Autour de Charles Bordes" vous y verrez un billet, à la date du 21 août 2011, écrit par celui qui trace cette phrase. Il contient une présentation plus complète de Maurice Bouchor. Lisez aussi la page qui lui est consacrée sur le site de Gilles Picq.

On trouve ici et là sur Internet des remarques sur Maurice Bouchor. On lui en veut d'avoir écrit plusieurs livres utilisés dans les écoles. Bien des gens ont suivi une pente qui les a menés vers une certaine condescendance envers Maurice Bouchor.

Cela dit, le surf a ses vertus. Que votre souris vous mène au blog "le bibliomane moderne" et allez au billet du 19 février 2009.  Vous découvrirez cette Ballade du livre, publiée par Bouchor le 1er février 1890 (il a 35 ans). Le bibliothécaire ne peut résister au plaisir de vous en citer une strophe :

Jeune homme ignorant de la vie,

Mais qui te sens déjà hanté

Par l'amour, n'as-tu pas envie

De savoir comme il fut chanté ?

Avant l'heure d'être tenté

Goûte l'illusion de vivre

Dans notre doux monde enchanté,

Le meilleur ami, c'est le livre.

 

On peut voir dans le poème Hiver une promesse érotique. On sent la chaleur du feu jouer sur la peau, on a envie de se rouler dans la fourrure.

 

Nous nous rapprochons, nous nous aimons mieux…
La lueur du feu jette dans les yeux
Un éclair de pourpre et d'or qui flamboie

 

C'est bel et bon, très bon même. Cependant, voyez cette secrète souffrance : le monde est là, avec ses incertitudes :

 

             S'il pleut sur la mer et s'il grêle, eh bien,
             Nous nous enfermons, nous n'en savons rien,
             Et nous n'osons pas regarder les voiles.

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 10:05

 

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Sous le feuillage où bat la pluie
La poésie écoute le paysage.

Tournesol ou souliers blessés
Elle a pris le chemin du soleil
Et porte un nuage rouge accroché à sa voix.

L’infini à portée de main
N’est jamais monotone.

 

 

Jean-Michel Maulpoix

 pluie--0145--BC.JPG

 

 

Le poème de Jean-Michel Maulpoix est paru dans la section "Passeurs de poèmes" du site du Printemps des Poètes pour son thème 2011, "d'Infinis paysages". Regardez la page consacrée à l'auteur dans la Poéthèque du Printemps des Poètes, la fiche de Wikipédia, brève mais précise, et son site perso, très riche, ouverture sur l'univers de la poésie. 

 

pluie--0146--BC.JPG

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 08:22

Constable--1--Hampstead-.jpg

L’Étranger

 

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?

- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.

- Tes amis ?

- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.

- Ta patrie ?

- J’ignore sous quelle latitude elle est située.

- La beauté ?

- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.

- L’or ?

- Je le hais comme vous haïssez Dieu.

- Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?

- J’aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !

 

 

Charles Baudelaire


 

Constable--2.jpg

 

Ce poème en prose est paru en 1862 parmi quatorze petits poèmes en prose, avec une lettre à Arsène Houssaye, où on peut lire :

"Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?"

L'Étranger est le poème liminaire.

Une publication posthume, Petits poèmes en prose, I (1869), rassemble ces textes. Le sous-titre c'est Le spleen de Paris, par lequel le recueil est souvent désigné.

Si cela vous paraît utile, lisez ce commentaire pour le bac français.

Mais lisez surtout l'essai de Jean-Michel Maulpoix, "J'aime les nuages…" extrait de La poésie comme l'amour, Mercure de France, 1998.

Enfin, vous écouterez L'Étranger enregistré par Léo Ferré en juin 1967. Il vous faudra supporter une faute d'orthographe dans la transcription du texte.


 

Constable--3.jpg--W.jpg

 

[Les illustrations sont des études par Constable, faites vers 1820.]

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 10:44

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The Consent

Late in November, on a single night
Not even near to freezing, the ginkgo trees
That stand along the walk drop all their leaves
In one consent, and neither to rain nor to wind
But as though to time alone: the golden and green
Leaves litter the lawn today, that yesterday
Had spread aloft their fluttering fans of light.

What signal from the stars? What senses took it in?
What in those wooden motives so decided
To strike their leaves, to down their leaves,
Rebellion or surrender? and if this
Can happen thus, what race shall be exempt?
What use to learn the lessons taught by time,
If a star at any time may tell us: Now. 

 

Howard Nemerov

 

 

Accord

 

A la fin Novembre, en une seule nuit

Pas même en-dessous de zéro, les gingkos

De l'avenue perdent toutes leurs feuilles

D'un seul accord, et pas à cause de la pluie ou du vent,

Mais comme si le moment était venu : les feuilles

Dorées et vertes jonchent le gazon aujourd'hui, alors qu'hier

Elles déployaient bien haut leurs éventails palpitants dans la lumière.

 

Quel signal est venu des étoiles ? Comment a-t-il été capté ?

De ces lois de l'arbre, laquelle a ainsi décidé

De frapper leurs feuilles, de les faire tomber,

La révolte ou la soumission ? Et si cela

Peut se produire ainsi, qui peut y échapper ?

A quoi bon apprendre les leçons que le temps nous enseigne,

Si une étoile, n'importe quand, peut nous dire : C'est l'heure.

 

 

Traduction Bernard Cassaigne

 

Parc-Mirabeau--Tours--7959.JPG

 

 

Le poète américain Howard Nemerov (1920-1991) a publié ce texte dans Western Approaches en 1975. Vous trouverez une information complète sur l'auteur dans l'article de Wikipedia. C'est en anglais. Il n'y a rien en français. Voyez plus bas, la note en anglais pour les lecteurs familiers avec cette langue.

Nemerov a publié de nombreux livres. En 1978 il a reçu le National Book Award et le Prix Pulitzer pour son recueil Collected Poems (1977). Il était Poète Lauréat des Etats Unis de 1988 à 1990 (poste créé par le Congrès en 1985). C'est un poète pour qui rime et prosodie ont leur importance et qui exprime les thèmes de la vie quotidienne avec clarté et sagacité. La chute soudaine des feuilles du gingko lui a inspiré le poème The Consent.

En ce qui concerne l'arbre, voir sur Internet The gingko pages. C'est très complet : vous trouverez tout sur le gingko. Il y a aussi un blog The gingko pages Forum. Les deux sites sont tenus par Cor Kwant, à Amsterdam, aux Pays-Bas, où elle est professeur de lycée. Le gingko est présenté sous l'angle scientifique et aussi humain. L'aspect littéraire n'est pas négligé : c'est grâce à Cor Kwant que j'ai découvert Nemerov. On peut lire The Gingko pages en français (contribution de Jean-Luc Destombes), mais je recommande la version en langue anglaise.

Ce n'est pas la première fois que le gingko a sa place dans le blog Lire à Vouvray. Voyez le billet du 7 novembre 2010 (deux ans, déjà !) qui vous conduira au célèbre poème de Goethe et au poème de Peter Härtling (An den Gingko vor der Tür) avec la traduction en français de Claude Perthuis.

 

[A few words in English.

The poem The Consent by Howard Nemerov was first published in The Western Approaches  (©1975 by The University of Chicago. All rights reserved.) and the University of Chicago Press has included it in Nemerov's Collected Poems. It is in this blog thanks to the publisher's agreement and the Bibliothèque Municipale de Vouvray (BMV) wishes to express its gratitude.

A click here will show you what the Press can offer you.

You should read the article on Nemerov in Wikipedia (English version); it is a full presentation and contains many useful links. The biographical article in The Poetry Foundation stresses the tensions and duality in Nemerov's literary production. The main critical studies of Nemerov's works, poetry and prose, are reviewed. There are links to different poems by Nemerov (30th Anniversary Report of the Class of '41, On Getting out of Vietnam, Knowledge, To D—, Dead by Her Own Hand, Epitaph) and a very complete bibliography.

If you are interested in the gingko tree itself, in both its botanical and human aspects, The gingko pages,  made in the Netherlands, will tell you everything there is to know; Cor Kwant, who maintains the site, will share her fascination with you.

Of course, the famous poem by Goethe, (Dieses Baums Blatt…), with various translations, can be found there.]

 

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[Photos prises en novembre 2010 et 2011 au Parc Mirabeau à Tours. © BC]

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 23:48

 

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[ Réunion de territoire, DLLP, Maison des sports, Parçay-Meslay, jeudi 25 octobre 2012. On reconnaît diverses personnes dont Chantal Dardant, Dominique Pineau, Valérie Leccia, Mathilde Chauvigné, Sylviane Lachaume (de gauche à droite à la tribune), Axelle de la Bibliothèque de Reugny qui parle au nom du canton de Vouvray et Séverine Nicolle de la SFL qui présente des livres.]

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 23:20

 

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[Réunion information et permanences (RIP) à la Bibliothèque, mardi 23 octobre 2012.]

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 06:42

Flor negra 

 

Set pous i set nits de les més llargues es van ajuntar perquè nasqués. I mil formigues van donar la vida perquè tingués el seu color i la seva mena de vernissat. Sembla un clavell arrissadíssim i amida un pam. S'obre durant setanta nits-nits : les més fosques, les més quietes, les més mortes. La busquen a les palpentes per fer-ne l'ungüent que fa patir. Aquest ungüent es posa darrera de les orelles, entre els dits dels peus, a la part interior de la cuixa esquerra… Frega fort i dorm tranquil que el mal es va fabricant tot sol. Al cap de dos dies i de dues nits et despertes amb una pena tan grossa que no et deixa respirar. Una bella pena per a poder-te creure important ; una pena de roc i de sal, una pena amarga de fetge i d'entranya profunda, una pena arrapada al coll com un clou clavat amb martell, una pena de deu mil quilòmetres, una pena que et mata el pobre cor i t'hi atura la sang perquè s'hi podreixi. Una pena que, com les penes més grosses, no es pot explicar. No la deixis fugir ; si aquesta pena se n'anés, tornaries a no ser ningú.

 

Mercè Rodoreda

 

Rodoreda--Flor-negra--wordle--5-mai-2009.JPG

 

 La fleur noire

 

Sept puits et sept nuits des plus sombres ont dû s'accoupler pour qu'elle naisse. Et mille fourmis ont donné leur vie pour qu'elle ait leur couleur vernissée si particulière. On dirait un œillet frisé, grand comme la main. Elle s'ouvre pendant soixante-dix nuits noires : les plus profondes, les plus silencieuses, les plus mortes. On la cherche à tâtons pour en fabriquer l'onguent qui fait souffrir. Cet onguent, on le met derrière les oreilles, entre les orteils, sur la partie interne de la cuisse gauche… Frotte fort et dors tranquille : le mal va se faire tout seul. Après deux jours et deux nuits, tu te réveilles avec une douleur si forte qu'elle t'empêche de respirer. Une belle douleur pour que tu ne puisses plus faire l'important, une douleur comme une pierre et comme le sel, une douleur amère qui vient du foie et du fonds des entrailles, une douleur agrippée au cou comme un clou enfoncé au marteau, une douleur de dix mille kilomètres, une douleur qui tue ton pauvre cœur et y arrête le sang pour qu'il y pourrisse. Une douleur qu'on ne peut expliquer, comme les douleurs les plus fortes.

Ne la laisse pas s'enfuir ; si cette douleur s'en allait, à nouveau tu ne serais plus rien.

 

Traduction Bernard Cassaigne

 

 

 

Ce poème est extrait du dernier livre publié du vivant de Mercè Rodoreda. Il s'agit de Viatges i flors, paru aux Edicions 62 en 1980. Dans la collection El balancí, on le trouve pp. 93-94. Mercè Ibarz (Rodoreda: exili i desig, Empúries, 2008) nous dit que Flor negra a été écrite à Paris au début des années 50. La traduction française de Bernard Lesfargues est prête mais cherche encore un éditeur. Je tiens à remercier ici Ana Lucía De Bastos de Casanovas & Lynch Agencia Literaria S.L qui m'a donné l'autorisation de publier le texte catalan sur le blog, au nom de la  Fundació Mercè Rodoreda . J'y joins ma traduction.

Il a déjà été question ici de Mercè Rodoreda, la dernière fois à propos du livre Miroir brisé, récemment acquis par la BMV. Si vous vous reportez au billet qui lui est consacré, vous trouverez des liens utiles sur ce grand auteur catalan.

En illustration, une version wordle du poème, faite en mai 2009 (© BC), et un bois gravé de E-C Ricart qui date de 1944, sans rapport direct, et pourtant...


Ricart.JPG

 

 [Vull agrair aqui a Ana Lucía De Bastos de Casanovas & Lynch Agencia Literaria S.L. pel permís d'utilitzar le text Flor negra sobre el bloc de la Bibliothèque Municipale de Vouvray (BMV). Sense oblidar la Fundació Mercè Rodoreda, imprescindible fons dels escrits de l'autora.]

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