C'est un ruisselet qui chemine
Entre les glais
Sous le troëne et l'églantine ;
Il va du pied de la colline
Jusqu'au marais.
Son flot clair et léger déferle
Sur le granit
Et son onde retombe en perles.
Au chant des pinsons et des merles
Sa voix s'unit.
Autour de mon bras l'eau se plisse
Et fait un rond
Quand je recherche l'écrevisse
Sous le vieux bouleau que tapisse
Le liseron.
Quand de ses dents blanches ma mie
Fera craquer
Une carapace rougie,
Le soir à la table fleurie
D'un gros bouquet,
Dans sa prunelle cristalline
Je reverrai
Le petit ruisseau qui chemine
Plein de rayons, sous l'églantine
Au cœur doré.
(1882-1922)
Cotlequin, 26 Mai 1919
Pour cette rentrée, voici à nouveau un poème d'Henri Trillaud, après L'enfant aux bluets, début juillet.
Henri Trillaud (1882-1922) était instituteur dans la Vienne.
Le ruisseau de Cotlequin provient du même recueil, Sur la Vonne, publié par les Éditions "Aujourd'hui", Collection des Primaires, en 1923.
On disait aussi Coetloquin ou Coetlequin, comme on le voit sur la carte de la fin du 19e siècle (merci à Géoportail). Il y avait un moulin.
Aujourd'hui on écrit Cotelequin. C'est un lieu-dit situé à l'Ouest de Vivonne.
Le ruisseau se jette dans la Vonne. Y a-t-il encore des écrevisses ?
Le poème est dédié au peintre Henri Pailler, qu'Henri Trillaud avait connu à Poitiers.