La bibliothèque de Vouvray s'intéresse à Charles Bordes.
Oui, la musique a quelque chose à voir avec les livres.
Et d'abord, c'est ce monument sur le mur sud de l'église que chacun connaît et qui fait partie de notre imaginaire collectif : ces trois enfants
qui chantent, avec force et douceur, depuis 1921.
Charles Bordes, que ce monument honore, est né à Vouvray en 1863. Il est mort à Toulon le 8 novembre 1909, il y a un siècle, et il repose à Vouvray, dans le tombeau familial, là-haut, au milieu des vignes.
La bibliothèque le célèbre de différentes façons.
D'abord un conte basque Les trois vagues, que le conteur dit aux jeunes et aux adultes. Charles Bordes le connaissait : il avait "une âme basque" (Guy Ropartz). Marqué dès 1885 par le chant Chroriñoak kaiolan (L'oiseau dans la cage) et son appel à la liberté (cf Les Liserons n° 22, mars 2009), il avait accepté un travail de collectage pour le Ministère de l'instruction publique, puis publié ces chansons basques et composé des œuvres personnelles marquées par cette musique. Jusqu'à un opéra qui porte le titre Les trois vagues, commencé tôt dans sa vie et resté inachevé.
Le conte montre que la liberté est un combat ; pour le conteur le dire est une joie.
Ensuite Charles Bordes, lecteur de poésie, a écrit des mélodies sur ces poèmes. La bibliothèque mettra ces textes en valeur, comme témoignage d'une sensibilité au tournant du siècle.
Enfin une exposition,
actuellement présentée à la Bibliothèque Municipale de Tours, viendra entre nos murs. Charles Bordes, Vouvrillon, y est présenté. Nous en reparlerons dans ce blog. On y voit, par exemple, sa
Bellangerie natale, telle qu'elle était encore dans les années 30.
Un lieu qui a une place particulière dans l'imaginaire vouvrillon. Beaumarchais y a séjourné au 18e siècle et c'est là qu'il aurait écrit Le Mariage de Figaro (nous en reparlerons) ; après l'Empire, M. Le Tissier, maire de Vouvray, y vivait, et surtout son épouse, amie de Lamartine et elle-même écrivain (nous en reparlerons). Enfin, Balzac a séjourné non loin, à la Caillerie, pour quelques jours, en juillet 1823, seul séjour attesté de l'écrivain à Vouvray.
Et surtout, l'exposition montre son œuvre pédagogique, car, c'est son titre de gloire, il est le fondateur de la Schola Cantorum et le rénovateur de la vie musicale française, faisant travailler choristes et instrumentistes sur le chant grégorien, Palestrina, Josquin des Prés, et l'opéra baroque.
Le travail de Charles Bordes a été présenté au public tourangeau par Michel Daudin, depuis le mois de septembre. Trois conférences avec des experts ont décrit cette personnalité, pédagogue et communicateur, qui a su faire revivre la musique du passé. Son œuvre propre en a souffert, sacrifiée, et reste peu connue. Une conférence de synthèse, à la Bibliothèque Municipale de Tours, venait commenter l'exposition.
Samedi 7, à 11 heures, à Val ès Fleurs, Vouvray, Catrina Flint de Médicis (Université McGill, Montréal) parlera de 'Charles Bordes, homme de la renaissance' et dimanche 8, deux concerts organisés par l'Association Charles Bordes marqueront cet anniversaire, à 15h à la cathédrale de Tours avec des œuvres de Franck et de Gounod par Michel Corboz et l'Ensemble Vocal de Lausanne, et le matin à 11h, salle Thélème, des œuvres instrumentales de Charles Bordes, et quelques mélodies sur des poèmes de Verlaine par François-René Duchâble, Françoise Masset et le Quatuor Ysaÿe.